Zombiechopperun qu'est-ce que c'est ?
Dix sept ans, maintenant, qu’ils sillonnent les routes.
Les Zombies. Comme dans toute aventure humaine, il y a l’histoire, et puis… il y a la légende. La légende raconte qu’on les a surnommés les Zombies en voyant la mine blafarde que leur laissaient les kilomètres d’asphalte et les nuits blanches, quand ils rentraient de leurs virées. Les sillons laissés par la gomme sur leurs peaux burinées de soleil et noircies par l’huile. Ou peut-être les appelle-t-on ainsi parce que celui qui enfourche un vrai chopper sait bien qu’il est un mort en sursis. Que la vie n’est qu’une courte période de vacances au milieu du grand rien.
Alors autant en faire quelque chose qui en vaille la peine. Autant en profiter avec l’ardeur d’un feu qui brûle. Autant sentir vibrer chaque seconde, chaque souffle de vie, en se mettant en danger. En allant chercher ses propres limites. Ce n’est pas un hasard si les têtes de mort fleurissent sur leurs dégaines de pirates. Ils viennent d’un peu partout en Europe, parfois même de plus loin. On ne sait jamais trop où ils vont, ni quel jour ils partent.
On sait seulement qu’une fois par an, cette trentaine de lascars abandonnent tout et s’enfuient sur leurs monstres d’acier, quelque part dans le sud de l’Espagne, vers la fin de l’été.
Toute l’année, ils préparent leurs bécanes. Les mains dans la graisse, ils les dessinent à leur image. Ils les transforment comme on transforme son corps à la pointe d’une aiguille de tatoueur. Pour en faire quelque chose d’unique. Pour que ça raconte une histoire. Son histoire. Et comme chacun a la sienne, chaque moto est différente. Les Zombies ne viennent pas tous ici pour les mêmes raisons. Ils ne fuient pas tous la même chose. Ils n’ont pas forcément le même regard sur la vie, sur le monde, mais il y a une chose qui, dans cet espace sacré, les unit : ce n’est pas la destination, c’est la route. Parce que la route a plus à vous apprendre sur vous-même que n’importe quelle leçon de philosophie. Un run, c’est une introspection qui se partage. Le Zombie Chopper Run est une épreuve initiatique qui fait grandir celui qui la chance d’y être invité. Une épreuve difficile, épuisante, des milliers de kilomètres sous un soleil de plomb, des nuits à la dure sur des terres arides, à la belle étoile, des fêtes sauvages à en faire pâlir la nuit elle-même. Mais c’est surtout une épreuve salvatrice. Purificatrice. Les nuits sont courtes, mais les petits matins sont parfumés de vérité et de liberté. Chaque regard qu’on y croise est celui d’un homme libre, débarrassé des futilités de la vie quotidienne, de la crasse et de la tiédeur du monde ultra-moderne, et qui est venu chercher ici l’essentiel. Une aventure sauvage où l’on s’échappe du monde civilisé pour venir regarder son âme en face, et sans fard, dans le miroir du désert. Plus la chaleur l’étouffe, plus il respire. On vient ici avec le strict minimum. Une bécane, des outils, un matelas et deux-trois fringues. Tout le reste est accessoire. Plus votre paquetage est léger, plus votre âme sera libre. Dépouillée. Dans un monde où chaque jour, le faux l’emporte un peu plus sur le vrai, l’apparence un peu plus sur l’essence, la vérité, la plus pure et douce vérité se trouve peut-être sur la toile brillante qui vacille à la surface des grains de sable du désert. Sur le Zombie Chopper Run.